[p] Sentiments...

Sentiments...

Les sentiments,
Il y en a tant,
Des beaux comme des laids,
Mais surtout les plus laids,

Au début tout est si magique,
Tout est si magnifique,
Tu naissais,
Tu jouais,
Avec tous ceux que tu aimais,
Puis tu rêvais,
Que l’amour arriverait,

Tu grandissais,
Comme tes yeux s’ouvraient,
Sur cette réalité qui t’affligeait,
Et que tu fuyais,

Tu l’ignorais,
Du moins c’est ce que tu voulais,
Mais au fond tu le savais,
Mais tu te disais,
Que ce n’était pas vrai,
Que bientôt tu te réveillerais,
Au chant des créatures du marais,

Le temps a passé,

Mais maintenant,
Maintenant tu ne peux pas fuir,
Maintenant tu es allé trop loin,
Trop loin sur cette route obscure,
Trop loin pour qu’eux s’en aperçoivent,
Trop loin,

Tu les voyais,
Et tu les vois,
Tu les écoutais,
Et encore tu les écoute,
Mais eux t’écoutaient-ils?
Mais eux t’écoutent-ils?

Ils marchent tous en lignes droites,
Sur cette ancienne rue étroite,
Sur les traces de ceux de devant,
S’enfoncent,
Dans les traces de ceux qui se sont enfoncé,
Ils sont perdus dans la noirceur,
Sur le même chemin que toi,

Seulement,
Seulement, ils ne t’entendent pas,
Seulement, ils ne réalisent pas,
À quel point tu es las,
Las de tout ce poids,
Las de ces sentiments,
Las de cette cage qu’ils sont devenus,

Le temps a passé,
S’arrêtera-t-il ici ?